MON C.E. ROULE POUR UTOPIA

METTEZ VOTRE PUB
DANS LA GAZETTE !


NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Groupe ( >30p.) : 3,50€
TARIF étudiants, lycéens, collégiens, demandeurs d'emploi, bénéficiaires du RSA : 4,50€ (sur présentation d'un justificatif). PASS CAMPUS : 4 euros. Paiement CB, Chèque ou Espèces.

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

LA GAZETTE UTOPIA 329 DU 21 AOÛT AU 1ER OCTOBRE 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 329 DU 21 AOÛT AU 1ER OCTOBRE 2024...

FERMETURE ESTIVALE
  ... Lire FERMETURE ESTIVALE...

LA GAZETTE UTOPIA 328 DU 19 JUIN AU 30 JUILLET 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 328 DU 19 JUIN AU 30 JUILLET 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 327 DU 15 MAI AU 18 JUIN 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 327 DU 15 MAI AU 18 JUIN 2024...

Soutenez Utopia Palmer

THE DEVIL’S BATH

(UN ENFANT POUR LE DIABLE) Écrit et réalisé par Veronika FRANZ et Severin FIALA - Autriche 2024 2h01mn VOSTF - avec Anja Plaschg, David Scheid, Maria Hofstätter, Lukas Walcher...

Du 02/10/24 au 15/10/24

THE DEVIL’S BATHTout ici brouille les pistes, du titre à la bande annonce. On pourrait imaginer que l’on va s’embarquer dans un film d’épouvante. Alors que non. Mais on a néanmoins affaire à un petit bijou horrifique surprenant ! Dès les premières images, notre cerveau et nos émotions vont bon train… C’est d’emblée prenant, sans qu’on comprenne tout de suite les tenants et les aboutissants du récit, l’ampleur du propos qui perce en arrière-plan, profondément féministe. Les cinéastes jouent avec nos sentiments, nos nerfs, la beauté et la laideur des choses. Lumières et prises de vues somptueuses sont comme autant de clins d’œil aux écoles de peinture flamande, autrichienne, germanique de l’âge des lumières : clairs obscurs dignes de Weermer, scènes à la Brueghel… Chaque image est comme une peinture douce obscure, mordorée, qui brosse le portrait réaliste et cru d’une époque, nous plonge, à notre corps défendant, dans les entrailles de la Haute Autriche du XVIIIe siècle…

Première scène choc, une femme, un nourrisson, une prière en haut d’une falaise… on ne vous raconte pas la suite. C’est comme un premier tableau qui donne le la et qui ne s’éclairera complètement qu’à la toute dernière minute du film.
Puis on plonge dans les jupes d’Agnès, (extraordinaire Anja Plaschg, connue également sous le nom de Soap&Skin, chanteuse compositrice), on s’enfonce dans sa vie, on partage sa gaité à l’idée de se marier. Oh ce ne sont pas des noces en blanc, nulle boutique spécialisée comme à notre époque pour choisir sa robe et sa tiare ! Sa tiare, elle se la bricole elle-même avec quelques baies et brindilles. Elle n’en est pas moins jolie. Sa tenue sera peu ou prou celle de tous les jours, agrémentée d’un clair bustier, de lacets. Quant à son époux, il ne correspond guère à l’idée qu’on se fait d’un prince charmant. Pourquoi est-il l’heureux élu ? Que connaît-elle de lui, Wolf ? Pas grand-chose, si ce n’est qu’il l’enlève loin de ses parents et qu’elle-même pourra à son tour devenir celle qui dirige une maisonnée, sa future progéniture. Mais ce qui devait l’ouvrir aux plaisirs de la chair, être une émancipation, un nouveau départ, ressemblera vite à un éternel recommencement. On comprend que son homme n’est pas plus armé qu’elle, pas plus dégrossi, ni libéré de sa propre famille. Tous s’attendent à ce qu’Agnès suive un parcours traditionnel, qu’elle offre le travail de ses bras contre le toit et la nourriture que lui procure sa belle famille, puis qu’elle enfante. Mais quelque chose germe au fond d’elle, quelque chose de révoltant qui rend ses pas chaque jour plus pesants. Seule la religion, les sermons, les prières semblent une planche de salut. Mais autant que des remèdes, ce sont des entraves qui l’empêchent de mettre fin à sa mélancolie…

Cette véritable immersion dans un autre temps, avec ses croyances peuplées de signes divins et diaboliques, où l’on vénérait de sordides reliques, est l’occasion de lever le voile sur un angle mort inattendu de l’Histoire, de notre Histoire. Une époque où l’on croyait que les personnes mélancoliques étaient prises au piège dans le « bain du diable » : zone d’ombre oubliée ou occultée par le récit officiel, car nul ne pouvait en tirer gloriole, ni le pouvoir politique, ni les religions. Et si l’affaire se passe en Haute-Autriche, le même phénomène exista dans tous les pays européens, tout comme celui plus connu de la « Chasse aux sorcières ». Autant dire qu’il trouvera des résonances encore de nos jours. On n’en ressortira pas indemne mais avec matière à réfléchir et à résister.