UTOPIA SAINTE BERNADETTE
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Coopérative QUI VIVRA BÉRAT habitat partagé en évolution la Ménardière
Une autre façon de vivre ? Une autre façon de vieillir ? Voilà 4 ans, qu’un groupe de retraités a investi le Domaine de la Ménardière en créant une coopérative. Objectif : Vivre et vieillir ensemble solidaires et actifs jusqu’au bout du chemin. Chambres d’hôtes, Conc...

SÉANCES BÉBÉS
  Les séances “bébé” sont des séances où les parents peuvent venir avec leur nouveaux nés. Et déguster un film pendant qu’ils roupillent dans leurs bras. Les séances sont évidemment ouvertes à tous les spectateurs, il suffit de savoir qu’il peut arriver qu’un bébé fasse du bruit en suçant son pou...

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de la...

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DREAM SCENARIO

Kristoffer BORGLI - USA 2023 1h41mn VOSTF - avec Nicolas Cage, Julianne Nicholson, Michael Cera, Jessica Clement, Lily Bird, Star Slade, David Klein, Kaleb Horn...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

DREAM SCENARIOCe pourrait n’être que drôle, très drôle même, ce « scénario de rêve », s’il n’éveillait en même temps que l’hilarité un irrépressible (et délicieux) inconfort. Un malaise d’abord diffus qui, sans prendre tout à fait le pas sur la comédie loufoque, s’impose peu à peu comme un commentaire d’une rare acidité sur notre société moderne. Alors oui, on rit, beaucoup, ce qui n’est pas si fréquent, devant ce film-puzzle à tiroirs, écrit façon marabout’d’ficell’dech’val. Pour vous situer, on serait à mi-chemin entre la folie scénaristique de Charlie Kaufman (on pense à l’inénarrable Dans la peau de John Malkovich, grand succès de la fin du dernier millénaire) et la construction déjantée de Everything everywhere all at once (qui fit fondre les derniers neurones de bien de nos spectateurs au printemps). On rit mais de plus en plus jaune, de plus en plus aigre, au fur et à mesure qu’on se reconnaît, de près ou de loin, dans le portrait de ce prof tourmenté, de sa famille, de son entourage, de ce monde entier devenu fou – et qui semble bien décidé à entretenir cette folie, s’y claquemurer contre vents et marées, contre toute logique.

Mais ne nous emballons pas. Soit donc Paul Matthews, petit prof de biologie dans une petite fac de province, propriétaire d’une petite maison dans un petit quartier résidentiel, chef (mais si peu) d’une petite famille, et dont les petites ambitions scientifiques ont depuis longtemps été sacrifiées sur le petit autel de son petit confort bourgeois. Même s’il ne désespère pas, « un jour », d’écrire une petite monographie à partir de son sujet de recherche – mais rien n’est moins sûr. Il traverse avec une discrétion qui confine à l’effacement son existence grise, aux côtés d’une épouse et au contact d’enfants dont il ne connaît pas grand-chose des aspirations. Il n’est même pas l’objet de sarcasmes de la part de ses collègues. Si Paul Matthews n’existait pas, non seulement il ne faudrait pas l’inventer, mais il est certain que la marche du monde ne s’en trouverait d’aucune façon modifiée. Or il advient que Paul Matthews est soudainement reconnu. Chez lui, dans son amphi, dans la rue… Reconnu par des gens, des membres de sa famille (c’est plutôt normal) ou des inconnus (c’est plus improbable) qui l’ont croisé dans leurs rêves ! Pas vraiment rêvé de lui, juste croisé : Paul Matthews est là, comme un figurant parmi d’autres, peuplant les songes de ses contemporains. Il n’agit pas, il est, il passe. Et chose invraisemblable, cette reconnaissance devenant un sujet va transpirer dans le monde réel – et Paul Matthews accéder à la célébrité. Pour le meilleur (qui n’a pas rêvé de…) et, bien sûr, pour le pire.

Kristoffer Borgli, norvégien, avait pondu en 2022 Sick of myself, satire au vitriol, malaimable, d’une société gangrenée par la culture du paraître. En traversant l’Atlantique il enfonce méchamment le clou – et offre incidemment à Nicolas Cage, abonné depuis des années aux nanardises plus ou moins sympathiques, un de ses meilleurs rôles. Vouté, emprunté, (enfin) dégarni, extraordinairement falot, il incarne à merveille l’oxymore sur pattes qu’est Paul Matthews. Tour à tour inconsistant, héroïque, minable, l’empathie effarée qu’il suscite est comme un miroir tendu, à peine grossissant. On se dépêche de rire du reflet qu’il nous renvoie, de peur de s’y reconnaître.