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Écrit et réalisé par Jérémy CLAPIN - France 2023 1h28mn - avec Megan Northam, Catherine Salée, Sam Louwyck, Roman Williams, Sofia Lesaffre...
Du 03/07/24 au 16/07/24
On attendait avec une grande curiosité le passage à la fiction en prise de vues réelles de Jérémy Clapin, multiprimé avec son premier long d’animation J’ai perdu mon corps (2019), tant les talents démontrés par le cinéaste laissaient présager d’une adaptation possible à un nouvel univers cinématographique, un passage assez délicat et rarement tenté. Eh bien, avec Pendant ce temps sur terre, cette attente n’est pas déçue, le film se révélant une greffe audacieuse multi-genres, de la science-fiction au drame réaliste sur le processus de deuil, en passant par un zeste de conte, l’ombre d’un vaste rêve et peut-être même davantage.
La disparition dans l’espace de Franck, son frère ainé astronaute, a laissé un immense vide dans l’existence d’Elsa (Megan Northam) qui a suspendu son projet d’intégrer les Beaux-Arts (elle dessine tout le temps) pour accepter un job d’aide-soignante dans une maison de retraite. La vie continue, « stable dans le déclin », y compris pour ses parents et son petit frère, mais une statue mémorielle de cosmonaute érigée par la mairie sur un rond-point de la ville rappelle cruellement chaque jour à la jeune femme l’absence de celui dont elle partageait les rêves d’espace et d’aventures.
Jusqu’au jour où des interférences près d’une antenne précipitent Elsa dans une dimension parallèle : Franck l’appelle au secours (« on a dérivé, maintenant tout est noir, il n’y a plus personne. Ils sont là, ils flottent, ils m’observent, ils disent qu’il y a un chemin, que cela dépend de toi. »). Une graine dans l’oreille plus tard, on bascule totalement dans l’irrationnel, une voix imposante (larsen à l’appui) donne à Elsa des instructions et un compte-à-rebours pour sauver Franck. Jouant avec le feu et pénétrant comme le Petit Poucet dans la forêt profonde, Elsa est loin de se douter du terrible tumulte qui va s’ensuivre…
Presque conçue comme un carnet de bord, l’intrigue avance à vive allure dans un mélange de série B d’action protéiforme et de drame existentialiste authentique sur les affres du deuil (« vous pouvez sortir de ma tête ? »). Est-on dans un rêve ? Dans un cauchemar ? Dans une dépression nourrie des souvenirs de l’imaginaire ? Au fond, peu importe, la mise en scène emballant avec maestria l’étrangeté plus ou moins ludique du propos (car le cinéaste sème aussi des indices – un tatouage suggérant les camps de la mort – sur une plus profonde interprétation autour de la question de qui on accepterait de sacrifier sous la contrainte pour sauver un proche). Un étonnant et gourmand patchwork télescopant beaucoup de thématiques sous son apparence de divertissement anxiogène, entrecoupé de trois séquences d’animation très réussies, nappé par une formidable musique de Dan Levy et qui offre à Megan Northam (déjà remarquée dans Les Passagers de la nuit et Fifi) un rôle en or. Autant de veines prometteuses que Jérémy Clapin saura sans nul doute encore affirmer dans son prochain voyage dans la galaxie de la fiction en prise de vues réelles.
(F. Lemercier, cineuropa.org)