MON C.E. ROULE POUR UTOPIA

METTEZ VOTRE PUB
DANS LA GAZETTE !


NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Groupe ( >30p.) : 3,50€
TARIF étudiants, lycéens, collégiens, demandeurs d'emploi, bénéficiaires du RSA : 4,50€ (sur présentation d'un justificatif). PASS CAMPUS : 4 euros. Paiement CB, Chèque ou Espèces.

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

LA GAZETTE UTOPIA 328 DU 19 JUIN AU 30 JUILLET 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 328 DU 19 JUIN AU 30 JUILLET 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 327 DU 15 MAI AU 18 JUIN 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 327 DU 15 MAI AU 18 JUIN 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 326 DU 10 AVRIL AU 14 MAI 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 326 DU 10 AVRIL AU 14 MAI 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 325 du 28 FÉVRIER AU 9 AVRIL 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 325 du 28 FÉVRIER AU 9 AVRIL 2024...

Soutenez Utopia Palmer

TYPHOON CLUB

Shinji SÔMAI - Japon 1985 1h55mn VOSTF - avec Yuichi Mikami, Yuki Kudo, Shigeru Kurebayashi, Yuka Onishi, Ryuko Tendo... Scénario de Yuji Kato.

Du 17/07/24 au 30/07/24

TYPHOON CLUBÀ Tokyo et ses alentours, la population se prépare à l’arrivée d’un typhon. Des vents violents accompagnés de pluies diluviennes menacent de s’abattre sur la capitale nippone et sa proche banlieue rurale, conséquence programmée d’une canicule qui depuis des jours paralyse le pays d’une chaleur suffocante. En attendant le déluge, un groupe d’adolescents, filles et garçons mêlés et complices, ignorent l’ordre d’évacuer leur lycée et se débrouillent pour passer la nuit dans l’enceinte de l’établissement, pour profiter de la piscine en plein air.
À l’appel de cette nuit pas comme les autres, vécue comme une réjouissante parenthèse transgressive, les jeunes corps se lâchent et se lancent dans mille chorégraphies le temps d’un rock’n roll endiablé, avant de plonger dans les eaux chlorées du grand bassin. Dans la piscine justement, trois lycéennes rient, chahutent et entourent le cou d’un de leurs camarades avec une ligne de couloir de nage. Tant bien que mal, le garçon arrive à échapper aux trois filles déchaînées et à sortir de l’eau. Dans l’indifférence générale, il se couche alors sur les dalles trempées, essayant de retrouver son souffle. Mais il perd connaissance… et ne sera sauvé qu’in extremis, par des élèves internes du lycée. Pourtant, personne (ni la victime, ni les coupables, ni les sauveteurs) ne semble vraiment affecté par cette tentative presque ludique d’homicide involontaire par noyade…

Hypnotisante, étrange, onirique et flottante, cette scène d’ouverture donne le ton du film, qui explore comme rarement les mécanismes complexes de l’adolescence. Pendant presque deux heures, ces jeunes, originaires de la proche campagne de Tokyo, vont être secoué·e·s par des transformations émotionnelles puissantes qui auront des conséquences sur leurs comportements. D’abord les rires et les jeux d’eau puérils les placent encore dans l’enfance mais une forme de sensualité ainsi que des pulsions incontrôlées qui les poussent à tester leurs limites (et celles des autres) vont bientôt les confronter aux tourments de l’âge adulte.
On suit ces élèves pendant les quelques jours précédant l’arrivée du typhon, puis durant son passage alors qu’ils errent dans leur lycée, confinés après le départ (on peut même dire la fuite) des professeurs. Livrés à eux-mêmes, débarrassés de toute autorité professorale et parentale, ils vont petit à petit révéler leurs vraies natures en même temps que s’abat l’ouragan. Spontanément ils se déguisent, se déshabillent, crient, chantent et dansent sous la pluie comme pour célébrer ces derniers instants de liberté avant qu’ils ne soient rattrapés par le temps ou muselés par une société nippone stricte, appelant à marcher d’un seul pas. Clairement, ils ne veulent pas devenir comme leurs parents. Certains même ne le supporteront pas. Sous la légèreté trompeuse d’une certaine forme d’aventure, un malaise profond va se propager de façon inattendue et parfois violente dans les expériences individuelles et collectives de ce petit groupe : tentative d’agression sexuelle, fugue à Tokyo, bagarre en classe, suicide… Même si la plupart des débuts de passage à l’acte finiront dans l’impasse de leur maladresse juvénile, la symbolique de leurs actions est là.

Révélé il y a quelques mois par la ressortie du bouleversant Déménagement, Shinji Somai, figure majeure du cinéma japonais indépendant entre 1980 et 2000 (il est décédé d’un cancer du poumon en septembre 2001) nous offre avec Typhoon Club une œuvre magistrale, sensible et complexe, un film puissant et parfois dérangeant sur l’adolescence, dont l’héritage (revendiqué) transparaît clairement aujourd’hui dans les films des plus grands réalisateurs japonais actuels : Kurosawa (Kiyoshi), Kore-eda ou Hamaguchi, qui considère Shinji Sômai comme « peut-être le dernier grand maître de l’histoire du cinéma japonais ».