MON C.E. ROULE POUR UTOPIA

METTEZ VOTRE PUB
DANS LA GAZETTE !


NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Groupe ( >30p.) : 3,50€
TARIF étudiants, lycéens, collégiens, demandeurs d'emploi, bénéficiaires du RSA : 4,50€ (sur présentation d'un justificatif). PASS CAMPUS : 4 euros. Paiement CB, Chèque ou Espèces.

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

LA GAZETTE UTOPIA 328 DU 19 JUIN AU 30 JUILLET 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 328 DU 19 JUIN AU 30 JUILLET 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 327 DU 15 MAI AU 18 JUIN 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 327 DU 15 MAI AU 18 JUIN 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 326 DU 10 AVRIL AU 14 MAI 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 326 DU 10 AVRIL AU 14 MAI 2024...

LA GAZETTE UTOPIA 325 du 28 FÉVRIER AU 9 AVRIL 2024
  ... Lire LA GAZETTE UTOPIA 325 du 28 FÉVRIER AU 9 AVRIL 2024...

Soutenez Utopia Palmer

EL PROFESOR

(PUÁN) Écrit et réalisé par Maria ALCHÉ et Benjamín NAISHTAT - Argentine 2023 1h50mn VOSTF - avec Marcelo Subiotto, Leonardo Sbaraglia, Julieta Zylberberg, Alejandra Flechner...

Du 17/07/24 au 30/07/24

EL PROFESORL’histoire commence par un effondrement. Celui d’un homme terrassé par un AVC sur fond de musique pop plutôt désinvolte. Et la caméra se referme à l’iris, à l’ancienne. Fin de la mise en bouche annonçant le ton décalé de la narration à venir…
Cet événement dramatique – non sans lien métaphorique avec la situation du pays proche du krach – va contrarier la vie de Marcelo, prof de philo qui a dédié sa vie à l’enseignement au sein de l’Université publique de Buenos Aires (PUÁN, épicentre des mouvements estudiantins et révolutionnaires argentins).
Marcelo a le regard pétillant lorsqu’il présente Du contrat social de Rousseau à son auditoire d’étudiants touchés de plein fouet par les restrictions budgétaires et la montée des inégalités. En dehors de l’amphi, on découvre un quinquagénaire plutôt inquiet, introverti. Avec la mort du Professeur Caselli, son mentor et ami, Marcelo suppose qu’il va hériter de sa chaire de titulaire. L’occasion pour lui de s’affirmer et de sortir de l’ombre, enfin ! Mais voilà que débarque Rafael Sujarchuk, un ancien collègue charismatique et séducteur, auréolé d’une carrière européenne, bien décidé à briguer le poste. Les éléments sont en place pour assister au duel plein d’humour et de second degré entre ces deux êtres au passé commun, mais que tout oppose aujourd’hui. D’un côté le clown triste, maladroit, idéaliste malchanceux qui cherche encore sa place, non seulement dans cette société chaotique, mais aussi dans sa famille. De l’autre le fanfaron narcissique, opportuniste, fier de disserter autour des dilemmes éthiques de l’Intelligence Artificielle…

Le film porte un regard satirique sur le milieu universitaire (relations de pouvoir, jeux d’ego, courants de pensée émergents et éventuellement fumeux…), à travers des situations où se côtoient l’ironie et l’absurde. Mais il évoque surtout avec finesse les contradictions de chacun et la difficile mise en adéquation entre la pensée théorique et la pratique. La philosophie, « en posant des questions qui dérangent », peut-elle contribuer à améliorer le fonctionnement d’une société ?
Par une mise en scène maline et sans esbroufe, les réalisateurs réussissent à mettre à l’épreuve sous des formes diverses, tantôt loufoques, tantôt réalistes, les concepts enseignés par nos deux professeurs concurrents. Car Spinoza, Kant, Nietzche, Héraclite, Platon, etc. ne sont pas réservés aux oreilles universitaires. Les séquences où Marcelo sort de sa zone de confort en intervenant bénévolement dans les quartiers pauvres sont particulièrement justes et émouvantes. Et lorsqu’il se voit contraint d’assurer des cours particuliers à une vieille de la classe des ultra-riches, cela nous vaut des moments de cynisme truculents. Quant à Rafael, habité par un talent d’orateur incontestable, nous nous délectons à chacune de ses prestations. Les acteurs, Marcelo Sbaraglia comme Leonardo Subiotto, sont magnifiques dans ce duel : ils rendent leurs personnages crédibles dans leur comportement et leurs maladresses.
Si les femmes n’occupent pas l’avant-scène du film, leur présence et leur puissance sont loin d’être négligées. En contrepoint des caricatures, de justes portraits politiques se dessinent aussi, telle la femme de Marcelo, avocate féministe et anti-corruption, engagée auprès des ouvriers. Ou encore la collègue bolivienne qui se bat contre la colonisation de la pensée latino-américaine…

Réalisé juste avant l’arrivée fracassante au pouvoir de Javier Milei et sa croisade annoncée contre la culture, la science et l’éducation, le film prophétise à sa manière un avenir mal odorant (on vous laisse découvrir cette séquence qu’il fallait oser !). Comme la philosophie, le cinéma est lui aussi un sport de combat ! Plus que jamais, la nouvelle vague argentine a besoin de supporters !