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MATRIA

Alvaro Gago - Espagne 2023 1h39mn VOSTF - Avec Maria Vazquez, Santi Prego, Tatan, Susana Sanpedro, Soraya Luaces...

Du 03/07/24 au 30/07/24

MATRIATendu, haletant, Matria est un thriller du quotidien, sans aucun crime, ni malfrats terrifiants, qui va néanmoins vous maintenir en haleine pendant une heure et demie, tant celui de Ramona, son héroïne, n’est qu’une course permanente pour sa survie. Pourtant Ramona n’a aucun tueur à ses trousses et vit dans un pays occidental prospère et en paix avec ses voisins – en l’occurrence l’Espagne, plus précisément les côtes de la Galice, la petite Bretagne ibérique à l’extrémité septentrionale de la péninsule. Comme des millions d’autres, à quarante balais, Ramona est obligée de cumuler les petits boulots pour subvenir aux besoins de sa famille, intérimaire par nécessité, parvenant laborieusement à économiser quelques billets pour financer les futures études de sa fille – billets qu’elle cache soigneusement dans une boite à biscuits sous l’évier de la cuisine.

Ses journées sont beaucoup (mais vraiment beaucoup) plus remplies qu’un agenda de ministre (les ministres d’aujourd’hui ont même le temps d’écrire et publier des livres, c’est dire) – et pour elle, le droit révolutionnaire à la paresse, ce sera dans un autre vie. Cheffe d’une équipe de femmes de ménages dans une conserverie le matin, Ramona astique les plans de travail avant l’arrivée des ouvriers, elle enchaîne à bord d’un bateau avec la mise en caisse de litres de moules et recherche activement un troisième boulot complémentaire pour équilibrer son budget. Probablement, et on le comprend vite, Ramona n’a pas toujours fait les bons choix, notamment amoureux. Affublée qu’elle est d’un amant alcoolique que rejette sa fille Estrella – laquelle est partie, au grand désespoir de sa mère, se réfugier chez un petit copain. Mais la vie de Ramona bascule quand l’entreprise de nettoyage qui l’emploie est reprise par un nouvel aigrefin, qui n’a rien de plus pressé que d’imposer aux ouvrières des salaires misérables, faisant fi de leur ancienneté.

Matria est un magnifique portrait de femme ouvrière dans toutes ses dimensions. Prolétaire, Ramona a une vraie conscience de classe et sait ce qu’elle vaut. Mais c’est aussi une femme qui a conscience de l’échec patent de sa vie amoureuse et qui, à l’abord de la quarantaine, se remet en question, rumine des souvenirs de jeunesse qui s’estompent – c’est encore l’âge où reconstruire une nouvelle vie semble du domaine du possible. Issue des classes populaires, Ramona refuse enfin de voir sa fille, fût-elle amoureuse, s’assujettir à vie à un mec et reproduire par déterminisme social le genre de destin auquel elle n’a elle-même pas su échapper. Lutte des classes, lutte des genres, la sororité unit la mère et la fille dans un rejet instinctif à une forme de patriarcat, comme elle resserre les liens entre copines face au machisme ambiant, entre collègues face au patronat prédateur. Matria est un superbe film romanesque et social. Dans la lignée des plus belles réussites des frères Dardenne ou de Ken Loach, on suit jusqu’à l’épuisement la course effrénée de Ramona, remarquablement incarnée par Maria Vazquez qui exprime parfaitement toute la complexité du personnage, tous ses paradoxes, pour ne jamais la réduire au statut de victime ou d’héroïne.