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SANTOSH

Écrit et réalisé par Sandhya Suri - Inde 2024 1h55mn VOSTF - avec Shahana Goswami, Sunita Rajwar, Nawal Shukla, Pratibha Awasthi...

Du 17/07/24 au 30/07/24

SANTOSHLe cinéma indien était remarquablement représenté cette année au Festival de Cannes, au moment même où se déroulait la plus grande élection de l’histoire, avec 642 millions de votants, dans un pays dominé par l’extrême droite nationaliste du BJP de Narendra Modi : le fantastique et fantasque Sister midnight (qui n’a hélas pas encore trouvé de distributeur), le magnifique All we imagine as light (en avant-première à Utopia cet été !) et ce redoutable et passionnant Santosh. Ces trois films (dont deux réalisés par des femmes) parlent chacun de manière très différente de la condition de la femme dans une Inde étouffée par le système des castes, l’intolérance religieuse et la misogynie.

Le point de départ de Santosh remonte à 2012, après le viol collectif de la jeune Nirbhaya dans un bus à New Delhi, qui provoqua des manifestations exceptionnelles en Inde. Alors que la réalisatrice était dans une de ces manifestations, elle vit une rangée de femmes policières dont l’assurance l’impressionna : « Il y avait l’image d’une immense foule de manifestantes en colère, les visages contorsionnés par la rage, et une ligne de policières qui les forçaient à reculer. L’une de ces policières avait une expression si énigmatique. Elle m’a fascinée. Qu’est-ce qui la sépare des manifestants, et quel pouvoir son uniforme exerce-t-il sur ceux qui n’en portent pas ? Explorer cette violence et le pouvoir de cette femme au sein de cette violence m’a semblé passionnant. »
Pour ce qui allait être son premier film de fiction, Sandhya Suri employa les méthodes de ses premières réalisations documentaires : elle mena beaucoup de recherches à la fois sur le fonctionnement de la police en Inde, et sur la place des femmes dans la société. Elle découvrit alors l’existence du dispositif gouvernemental de « nomination compassionnelle », qui permet à une femme d’hériter, après la mort de son mari policier, de son travail. Elle s’est entretenue avec de nombreuses veuves, ce qui lui a permis de comprendre ce que ces femmes vivaient, passant d’une vie protégée et confinée de femme au foyer à celle de policières, ce qui allait servir de base au personnage principal de son film.

Dans une région rurale du nord de l’Inde, Santosh, après la mort de son époux policier, est rejetée par sa belle famille – principalement parce qu’elle est d’origine plus modeste – et elle va être expulsée du logement de fonction qu’ils occupaient. Un ancien collègue de son mari lui propose d’hériter de la charge du défunt comme la loi le prévoit. Devenue policière par nécessité, elle va être prise sous l’aile de l’inspectrice Sharma, qui a la dureté d’une femme qui a du et su se faire respecter par ses collègues masculins. Appelée sur le lieu du meurtre d’une jeune fille de caste inférieure, Santosh se retrouve plongée dans une enquête tortueuse qui la mènera dans l’obscurité des venelles de la société indienne gangrénée par la corruption, le racisme et la violence.

Dans ce film noir stylisé avec finesse et maitrise, Sandhya Suri explore l’univers moralement trouble de l’Inde nationaliste et raciste du BJP et analyse avec subtilité les mécanismes de la violence. Santosh – le prénom de l’héroïne signifie « satisfaction » – est l’histoire d’une femme qui va devoir trouver son chemin dans ce dédale peuplé de monstres. Cette histoire tout en nuances de gris, à la recherche de la lumière, trouve un écho dans le fracassant résultat des élections indiennes qui, contre toute attente, ont ébranlé le pouvoir de Modi jusqu’ici sans partage. Un signe d’espoir propre à conjurer les nuages sombres de l’extrême droite qui menacent partout dans le monde ?…

(texte écrit le 9 juin 2024, jour d’élections européennes)