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Fiesta de fin de saison : Vendredi 28 juin à partir de 19h45

19h45 : ouverture du Stella café avec Colin et ses bières artisanales Hake Brew pour un apéro - Et à partir de 20h30 : La tombola puis la projection en avant-première de l'ébouriffant film de Jacques AUDIARD suivie des désormais célèbres ripailles participatives.
Votre mission : venir le jour même avec des choses qui se mangent à partager (on évitera les choucroutes, chips industrielles au profit de quiches, salades de pâtes, gâteaux, fruits, tartes et autres de vos spécialités), et nous nous chargeons des boissons.

EMILIA PEREZ

Réalisé par Jacques AUDIARD - France / Mexique / USA 2024 2h10mn VOSTF - avec Karla Sofia Gascon, Zoe Saldana, Selena Gomez, Adriana Paz, Edgar Ramirez... Scénario de Jacques Audiard, avec Thomas Bidegain et Léa Mysius. Prix du Jury et Prix collectif d’interprétation féminine – Festival de Cannes 2024.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

EMILIA PEREZÀ tout moment, un rien pourrait faire basculer Emilia Pérez du côté obscur de la farce. Du coup de force au coup de cœur, du ridicule au sublime, la frontière est mince, et Jacques Audiard s’y balade en funambule avec ce nouveau long métrage, son sixième en compétition à Cannes depuis Un héros très discret, prix du scénario en 1996. À la fin du tour de manège, quand résonne le générique – la mélodie des Passantes, de Brassens, façon fanfare mexicaine –, le pari est gagné. Le grand écart, accompli. Il s’agit pourtant d’une œuvre déraisonnable, sans doute la plus casse-cou de sa carrière : à 72 ans, le cinéaste signe sa première comédie musicale, doublée d’un film de cartel, triplée d’un mélo aux accents de telenovela.
« De quoi parlons-nous aujourd’hui ? Nous parlons de violence », chante Rita (la Zoe Saldaña d’Avatar, archi convaincante) au début de l’aventure. Avocate, elle écrit la plaidoirie que son patron récitera mot pour mot, au tribunal, afin d’obtenir l’acquittement d’un type accusé de féminicide. La scène se déroule entre un supermarché et une rue de Mexico… recréés dans un studio parisien. Artificiel ? À 100 %, et assumé comme tel par la mise en scène, qui transforme les badauds en danseurs et plus tard les femmes de ménage en choristes sans singer Hollywood ; utilise des mitraillettes comme percussions, sur l’épatante bande originale composée par Clément Ducol et Camille, suggère la Suisse en posant une berline noire sur un fond blanc ; ou plonge les convives d’un grand dîner londonien dans l’obscurité, pour n’en garder que deux à l’image et s’immiscer dans leur conversation secrète.

Le récit ne s’embarrasse pas plus de réalisme. À l’issue du procès mentionné plus haut, en effet, Rita reçoit une proposition du genre qu’on ne peut pas refuser. Manitas Delmonte, un narcotrafiquant qui possède à la fois la gueule et le fric de l’emploi, l’engage pour organiser sa nouvelle vie : il va enfin s’accomplir et devenir une femme. Charge à Rita de dégoter le chirurgien idoine (l’occasion d’un duo très émouvant), de gérer les transferts de dollars et de dénicher un nid lausannois pour l’épouse (Selena Gomez) et la progéniture du criminel. Qui mourra pour de faux, aux yeux de ses proches et du monde, avant de renaître sous l’identité d’Emilia Pérez.
Difficile de ne pas frémir, à ce stade, tant l’auteur d’Un prophète (Grand Prix 2009) évoque davantage le cuir tanné que le queer inné. Sincérité, opportunisme ou inconscience ? La liberté d’Audiard balaie la question. Il entre en terre trans avec empathie, sans fausse pudeur, galvanisé par le romanesque. Il s’appuie par ailleurs sur une actrice assez stupéfiante : l’Espagnole Karla Sofia Gascon, passée du « il » au « elle » dans le civil et qui fait de même à l’écran, puisqu’elle joue à la fois Manitas, visage tatoué et ratiches en or, et la gironde et solaire Emilia, reconvertie en tata gâteau pour ses rejetons orphelins et en amie pour sa veuve. Voire en héroïne médiatique, entre gala de bienfaisance, exhumations de fosses communes et appel à la réconciliation nationale.

(Marie Sauvion dans Télérama)