30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...
Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...
Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117 Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...
Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...
Également au programme - COMMANDER ARIAN - DEPUIS MEDIAPART - DU SOLEIL POUR LES GUEUX - ÉTAT DE SIÈGE - HORS JEU - L’AVEU - LE BONHEUR AU TRAVAIL - LE ROI DE L’ÉVASION - LE TEMPS DURE LONGTEMPS - MISSING - MOI, TONYA - NUL HOMME N'EST UNE ÎLE - SANTIAGO, ITALIA - SI J’ÉTAIS LE PATRON - UN TEMPS POUR L’IVRESSE DES CHEVAUX
Dimanche 17 Février 2019 à 14h
Projection-débat : À la rencontre d’Alain Guiraudie, cinéaste vagabond
Dans le cadre de LA CLASSE OUVRIÈRE C’EST PAS DU CINÉMA
Avec l’ALCA Nouvelle-Aquitaine
En présence d’ Alain Guiraudie, cinéaste invité
Autres intervenants : Laurent Lunetta, scénariste et réalisateur, qui a travaillé comme assistant d’Alain Guiraudie sur plusieurs de ses films, Marguerite Vappereau, enseignante et chercheuse en cinéma, Université Bordeaux-Montaigne, et Philippe Bouthier, artiste et enseignant à l’École supérieure des Beaux-Arts de Bordeaux (EBABX).
Écrit et réalisé par Alain GUIRAUDIE - France 2016 1h40mn - avec Damien Bonnard, India Hair, Raphaël Thiéry, Christian Boulette, Laure Calamy... Photo magnifique dirigée par Claire Mathon.
(ATTENTION ! Cette page est une archive !)
Il est beau, il est dense, il est audacieux le nouveau film du franc tireur Alain Guiraudie. Rester vertical : comme un appel à tenir debout contre les forces qui veulent faire courber l’échine, contre l’extinction du désir de jouir de la vie, contre les barrières qui enserrent nos existences sur le chemin de la normalité. Car les loups rôdent sur les magnifiques causses de Lozère comme ils rôdent sur la vie de Léo, trentenaire dont la trajectoire oscille entre paternité isolée et sexualité vagabonde. Les temps sont durs pour qui prend le temps d’hésiter…
On sait Alain Guiraudie très attaché à la géographie de ses histoires et à son territoire Aveyronnais. Ses films ont aussi quelque chose de géométrique. Autant L’Inconnu du lac (splendide polar gay et précédent film de l’auteur) était organisé autour de la figure du cercle et de la répétition, autant Rester vertical se développe sur le motif de la ligne. Mais une ligne sinueuse, souvent entrecroisée et pointant dans de multiples directions. Un foisonnement un peu fou, très singulier, où Guiraudie déploie avec humour son attachement pour les personnages en marge dans un film rural, social et mythologique hors des sentiers battus.
Tout commence comme dans un conte. Sur une grande route de campagne, à l’orée du bois, une maison d’où s’échappe un rock hippie assourdissant. Un beau jeune homme un peu las et un vieux ronchon sur une chaise de camping. Léo tente une approche intéressée vers le premier mais est vite invité à reprendre sa route par le second. L’éphèbe et l’ogre gardent pour un temps leur mystère. Puis c’est une jeune bergère, Marie, que rencontre Léo sur le grand causse et avec qui il s’entretient de la réintroduction du loup dans la région. À peine ont-ils engagé la conversation qu’ils se donnent l’un à l’autre. Léo ne refuse rien de ce qui s’offre à lui. Il est scénariste à la recherche d’un sujet, occupé à se rendre disponible. Avec Marie, sa relation se consume à toute allure : très vite ils décident d’avoir un enfant, un petit garçon dont la jeune femme ne veut bientôt plus. Et Léo, venu s’enraciner ici pour gagner des attaches, se retrouve avec un gosse sur les bras dans la ferme de son beau-père trop seul, Jean-Louis…
En très peu de temps, Alain Guiraudie met en place une situation de base qu’il fait littéralement exploser. Seule certitude acquise : l’affection profonde de Léo pour son enfant qu’il ne quittera jamais. Pour le reste, le film s’organise comme un grand puzzle sentimental et humain, dont chaque pièce est accolée à une autre, comme pour en tester les corrélations. Les puissances du désir libre sont lâchées et leurs mystères avec. Comment mener sa vie, comment construire un foyer (« parfois, un père peut avoir besoin d’élever son enfant seul » lui dit l’improbable personnage de guérisseuse-psy aux électrodes organiques), comment assumer ses responsabilités sans rien renier de sa liberté, de sa différence, de ses envies ?
Le cinéma de Guiraudie suit la même quête de radicalité, le goût de l’expérimentation et la soif de singularité. Les questions sociales, traitées d’abord sur le ton de l’humour, gagnent en consistance à mesure que la situation de Léo se dégrade. La liberté pourra tenir la morosité à distance et le sexe pourra même adoucir la mort. Mais que peut-on contre l’inquiétude d’avoir à écrire sa vie et la peur de tomber un jour sur le loup ? Jusque dans une séquence finale époustouflante, Guiraudie, lui, n’a pas l’intention de se laisser mettre à terre.