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LE MOINE ET LE FUSIL

Écrit et réalisé par Pawo Choyning DORJI - Bouthan 2024 1h47mn VOSTF - avec Tandin Wangchuk, Deki Lhamo, Pema Zangmo Sherpa, Tandin Phubz...

Du 17/07/24 au 27/08/24

LE MOINE ET LE FUSILEt si le bonheur était la pierre angulaire de toute société, de toute entreprise humaine ? L’action de ce film qui nous enchante prend corps au cœur de paysages à la beauté bouleversante, dans la fraîcheur d’un pays qui a érigé l’Innocence comme l’une de ses valeurs cardinales et préfère mesurer ses avancées à l’aune du BNB (Bonheur National Brut) plutôt qu’à celle de l’assommant PNB (Produit National Brut…) occidental. Un pays où l’on ne manque ni de sourires, ni d’humour…

Nous sommes en 2008 après Jésus Christ, toute la Planète est occupée par un consumérisme de masse dévastateur. Toute ? Non ! Un minuscule royaume de rien du tout, enclavé entre deux géantes (l’Inde et la Chine), peuplé d’irréductibles Bouthanais, résiste encore et toujours à l’envahisseur… Ici, dans ces contrées reculées, l’électricité se déploie à pas lents, tout comme les téléphones portables. Les rares postes de télévision donnent encore lieu à de véritables moments de rassemblement conviviaux durant lesquels on s’attroupe pour écouter les bruits venus d’ailleurs. Et c’est ainsi que va se propager une annonce incongrue : le Roi du Bouthan a décidé de renoncer à son trône pour provoquer des élections démocratiques. « Démocratie », « élections » ? Les mots sont lancés, tout aussi abscons pour certains qu’un nébuleux jargon médical qui désignerait une pandémie porcine prête à se répandre. Il y aura bien besoin du renfort inédit de quelques zélés fonctionnaires pour procéder à un zeste de pédagogie envers la bienheureuse population. La tâche ne sera pas aisée et les listes électorales s’avèreront compliquées à constituer, entre les autorités locales qui n’y comprennent pas grand-chose et les citoyens sans justificatif d’identité qui se souviennent mieux de leur signe zodiacal (lapin de bois, serpent de feu…) que de la date exacte de leur naissance… C’est loin d’être gagné mais l’on se prend à songer avec un sourire béât : « bienheureux ceux qui vivent sans nos tracasseries administratives ! ». Le ton est donné, mi-figue mi-raisin, qui fait hésiter entre s’extasier devant les avancées vers une ère nouvelle ou regretter les temps bénis qui échappaient aux affres de nos civilisations ultra connectées et polluantes. Voilà la toile de fond dressée, en même temps qu’est tendu un miroir grossissant à nos civilisations modernes.

C’est dans ce contexte cocasse qu’une histoire pleine de rebondissements va prendre forme, cheminer hors des sentiers battus sur les pas d’un bon moine. S’il y a bien quelqu’un qui s’inquiète et s’interroge sur ce progrès galopant annoncé comme une panacée, c’est le vénérable Lama du coin. Bien décidé à ne pas laisser instrumentaliser ses ouailles, le voilà qui envoie son meilleur disciple se procurer des armes à feu. En bon moine, Tashi ni ne questionne, ni ne discute les directives de son Maître. Il se met immédiatement en route, prêt à accomplir son devoir sans broncher, même s’il semble plus simple de trouver une aiguille dans une botte de foin que la moindre arquebuse au pays non violent du bonheur intégral. Pourtant il en trouvera une datant, peut-être pas de Mathusalem, mais au moins d’un temps que les Bouthanais de moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Tout serait dans le fond très simple si notre homme dévoué à Bouddha était seul en lice. Mais il s’avère que d’autres, avec de plus gros arguments, ont aussi des visées sur le vieux fusil. Voilà son humble possesseur, un paysan hors d’âge, terriblement courtisé. Tout va s’accélérer…
Ce moine qui chemine fusil à l’épaule n’a pas fini d’attiser les convoitises et surtout d’aiguillonner la curiosité jusqu’au dénouement final. On suit ces péripéties avec un plaisir de chaque instant, tout en se posant LA question essentielle : pourquoi ce besoin pressent d’armes de guerre chez le Lama local, homme de paix par excellence ?

Ce second film de Pawo Choyning Dorji est un régal, brillant et sensible, de la même veine que son premier, L’École du bout du monde, que nous avions programmé il y a deux ans. Dans un pays sans grands moyens, doté d’une cinématographie nationale balbutiante, c’est un tour de force de nous offrir ces films intenses, où la transmission des réalités les plus tangibles prend des allures de fable contemporaine, fichtrement dépaysante et salutaire.