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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

Jeudi 18 Juillet 2024 à 22h

FESTIVAL BLEU NUIT


En plein air au Village Barbe

MOONLIGHT

Écrit et réalisé par Barry JENKINS - USA 2016 1h51mn VOSTF - avec Trevante Rhodes, Alex. R. Hibbert, Ashton Sanders, Mahershala Ali, Janelle Monae, Naomie Harris, André Holland... D'après le livre de Tarell Alvin McCraney.

Du 18/07/24 au 18/07/24

MOONLIGHTMoonlight se passe exclusivement dans la communauté noire défavorisée de Miami, mais pas de confusion : on est à 10000 lieux du film de ghetto avec guerre des gangs endémique et coups de flingue pour un bout de trottoir où vendre du crack. Moonlight captive et émeut en nous montrant avec sincérité et sensibilité l'évolution et la construction de l'identité d'un enfant au destin tourmenté. Un récit en trois volets où l'on suit Chiron dans le quartier de Liberty à Miami, d'abord à l'âge de neuf ans – il est alors surnommé Little – puis à seize ans en adolescent solitaire avant de le retrouver quand il est devenu un homme de vingt-cinq ans au physique impressionnant et à la prestance de caïd, mais cachant de toute évidence au plus profond quelques blessures jamais refermées.

Quand on découvre Chiron, c'est un enfant apeuré qui fuit trois ou quatre petits durs en bermuda et se réfugie dans un de ces appartements abandonnés qui servent de planque aux dealers locaux. C'est ainsi que Chiron va rencontrer Juan, un vendeur de crack au grand cœur (ça « devrait » être un oxymore et pourtant…) qui va devenir pour quelques temps avec sa compagne Teresa – très beau personnage, soigné comme tous les seconds rôles du film – une famille de substitution qui permettra au gamin de trouver affection et confiance. Car Chiron a une mère qui l'élève seule et qui l'aime incontestablement mais qui s'abîme inexorablement dans la toxicomanie et la prostitution occasionnelle qui va avec.
Moonlight, dont le titre évoque la lueur de la lune perçant l'obscurité de la nuit et de la vie, éclairant la part d'ombre de chacun, décrit de manière formidable comment un petit être grandit et se construit dans toutes ses contradictions alors qu'il est très mal parti dans la vie, enfermé dans une case par une prédestination sociale, culturelle, sexuelle dont il va tenter – ou pas – de se défaire avec l'aide des rencontres qui vont jalonner son parcours. Comment, dans une communauté où tout le monde se connait et où tout le monde obéit à des règles et à un contrôle social pas forcément propice à la liberté individuelle, un jeune garçon noir des quartiers pauvres peut s'affranchir des codes sociaux, de la masculinité revendiquée et presque obligatoire. Comment il peut faire exploser ce statut de souffre-douleur qui lui est assigné depuis l'enfance. Comment il peut concilier l'amour naturel pour sa mère en perdition et la préservation de son avenir. Comment il peut accepter l'amitié protectrice d'un dealer alors que celui ci fournit en produit mortifère sa propre mère. Moonlight est un film éminemment intelligent sur la complexité des âmes et des sentiments : celui qui vous protège et vous aime peut aussi contribuer à la perte de vos proches, celui que vous aimez peut s'avérer aussi votre bourreau malgré lui. Et il faut s'en débrouiller pour grandir.

Pour incarner toute la richesse ambigüe de cette destinée, le réalisateur a trouvé trois comédiens exceptionnels pour les trois périodes de la vie de son personnage principal, avec une palme du cœur à Trevante Rhodes qui incarne Chiron adulte, montagne de muscles incarnant parfaitement, à travers la sobriété du jeu, les blessures profondes et les sentiments intenses qui hantent ses nuits, avec notamment deux scènes bouleversantes de retrouvailles avec sa mère et un ami perdu de vue. Autre personnage fascinant du film : Miami, avec ses palmiers et son soleil permanent, incarnant dans l'imaginaire collectif le paradis subtropical pour retraités fortunés, dont Moonlight nous montre, derrière la beauté et les couleurs, les arrière-cours moins reluisantes, filmées dans un splendide Cinémascope.