Soutenez Utopia Palmer LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 8€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limitées dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance sur fond gris : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

THE BIKERIDERS

Écrit et réalisé par Jeff NICHOLS - USA 2023 1h56mn VOSTF - avec Jodie Comer, Austin Butler, Tom Hardy, Michael Shannon...

Du 19/06/24 au 23/07/24

THE BIKERIDERSJeff Nichols – sans doute seul digne héritier du grand cinéma américain classique – a beau changer de registre à chaque film (le dernier en date était le mélodrame avec le splendide et sous-estimé Loving en 2017), il n’a de cesse de livrer des histoires au souffle dense, sauvage, avec un goût sacré du romanesque aventurier, toutes profondément ancrées dans la topographie d’une Amérique profonde, terre de contrastes par excellence. Il n’est ainsi pas anodin qu’il ait fini par s’intéresser à un moment décisif de bascule de la civilisation yankee : cette fin des années 1960, quand l’ardent désir de liberté de la jeunesse est venu violemment percuter la fin des utopies. Cette époque, le journaliste Danny Lyon en a restitué toute la fièvre et la teneur dans un livre de photographie devenu culte, The Bikeriders. Publié en 1968, il fait le portrait authentique et sans concession d’hommes et de femmes en marge de la société, membres du Chicago Outlaws Motorcycle Club, un groupe de motards criminalisés dont Danny Lyon faisait lui-même partie. Jeff Nichols y a trouvé le moteur rutilant de son sixième film, poussant les virées à moto bien au-delà d’une simple évocation néo-réaliste : derrière sa reconstitution impeccable des 60's, son Bikeriders est une vaste odyssée au cœur d’une population ouvrière se rattachant à ses rêves d’émancipation contre un système écrasant. Son but ? Voguer éternellement sur une mer de poussière et de goudron, les cheveux au vent, comme symbole d’apothéose et de dignité.

Voici donc venus les Vandals, groupe fictif de motards du Midwest, largement inspiré des Outlaws de Danny Lyon, dont Jeff Nichols reprend l’esthétique iconique des mauvais garçons aux blousons en cuir (avec une citation directe de l’étincelle que fut l’apparition de Marlon Brando dans L’Équipée sauvage). On y retrouve Johnny (le chef du gang), Benny, Zipco, Funny Sonny, Danny, Brucie… Tous trompent l’ennui d’une vie routinière de cols bleus grâce à leur hobby : la moto. Comme réminiscence du western, cette grande famille improvisée se retrouve chaque jour pour des chevauchées épiques à dos de bécane, en quête de pulsion, de fraternité et de défis. De quoi alimenter bien des fantasmes…
À commencer par ceux de Kathy (Jodie Comer, impeccable de gouaille jusque dans son accent profond du Midwest), qui tombe irrémédiablement sous le charme de Benny, ange blond du chopper sauce Easy Rider. Ce pourrait être une histoire d’amour simple mais ce ne le sera pas. Kathy ne va pas tarder à se heurter à Johnny, fondateur des Vandals, qui voit en Benny un fils spirituel, son futur héritier. Pour Kathy comme pour Johnny, l’amour ne se discute pas. Une lutte sentimentale s’enclenche entre les deux, sur fond de délinquance gangrenant de plus en plus les Vandals. Les dissensions internes s’immiscent, le désir des plus jeunes de tuer le père aussi – Johnny, en l’occurrence.
Kathy sera la narratrice de cette puissante saga qui rappelle Les Affranchis, le classique de Scorsese, dans sa structure narrative comme dans sa vision d’un monde dépassé par son âge d’or, ne voyant pas arriver son déclin. Jeff Nichols ne tombe pas dans le piège de la glamourisation : sa chronique porte un regard lucide sur ces motards roulant de plus en plus hors des clous ou d’un rapport de force entre masculin et féminin, Kathy sachant elle aussi rouler des mécaniques pour faire barrage au machisme paternaliste d’un Johnny virant de plus en plus parrain mafieux. Autour de ce trio, une très attachante galerie de personnages plus vrais que nature donne pleinement chair à The Bikeriders, qui va bien au-delà d’un portrait pittoresque pour se faire splendide récit d’une succession impossible, tant l’héritage qui se joue ici est celui des idéaux trahis d’une Amérique qui rêvait d’une liberté désormais perdue à jamais.

(A. M., V.O. Magazine)