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HIJO DE SICARIO

(SUJO) Écrit et réalisé par Astrid RONDERO et Fernanda VALADEZ - Mexique 2024 2h05mn VOSTF - avec Juan Jesús Varela, Yadira Perez Esteban, Sandra Lorenzano, Kevin Uriel Aguilar Luna... Grand Prix du jury - Festival de Sundance 2024.

Du 21/08/24 au 27/08/24

HIJO DE SICARIOUn étalon noir attaché à un arbre, tandis que des hommes en arrière-plan font la fête à grand renfort de pétarades, réussit à s’échapper en tirant ardemment sur sa corde. Il court libre dans la nuit, sa silhouette se découpe sur le ciel étoilé. Au petit matin, son propriétaire le retrouve auprès d’un petit garçon, fasciné par la majesté de l’animal.
Le plan d’après, nous retrouvons ce même garçon, désormais père de famille, et enrôlé dans le milieu de la drogue. Il s’appelle El Ocho, et il est le huitième plus dangereux homme de main d’un ponte des cartels du Michoacán, en Tierra Caliente mexicaine, gangrénée par le narcotrafic et la violence. Seulement, nous ne le retrouvons pas seul : il donne quelques consignes à son fils Sujo, âgé de quatre ans, qui va l’attendre sagement dans la voiture pendant qu’il accomplit son travail. Le petit s’endort…

Frappé du sceau de la malédiction des cartels de la drogue, Hijo de sicario n’est cependant pas un énième film déroulant sa logique implacable de violence qui appelle la violence, de fils de tueur qui ne peut que devenir à son tour un tueur. Les deux réalisatrices ont accompli un pas de côté salutaire pour faire dévier leur récit vers l’histoire d’un enfant orphelin, élevé par sa tante loin de la ville et des règlements de comptes, qui grandit, se rebelle et accomplit son passage à l’âge adulte à sa manière. Le film est découpé en quatre parties qui sont quatre perspectives différentes d’une seule et même question : qu’est-ce que le destin et quels sont les éléments qui le façonnent ? Dans quelle mesure sommes-nous déterminés par notre destin, suivant inexorablement la pente qui nous mène tout droit vers la répétition des errements de la génération d’avant ? À moins qu’il y ait une issue possible, une rencontre, une occasion à saisir, qui viendront dévier le cours des événements et ouvrir enfin une autre perspective… ?
Déjà dans la petite maison de la tante Némésia, qui recueille Sujo au décès de son père, nous sommes plongés dans un autre univers, plus proche de la nature, plus sauvage, plus magique aussi. Les esprits viennent guider ceux qui restent vers ce qu’ils n’ont pu accomplir, les animaux sont aussi importants que les humains – et souvent moins méchants et effrayants… Prend ainsi place peu à peu une autre mythologie, un récit du Mexique qui revient à ses racines animistes, qui repose sur des traditions ancestrales, sur une culture qui était là bien avant la guerre des cartels. Et c’est précisément ce décentrement qui entraîne Sujo à réagir différemment à ce qui se présente dans sa vie normale d’adolescent, travaillé par ses hormones d’abord, puis en quête d’une autre liberté que celle, solitaire, que lui offre la vie chez sa tante.

C’est un véritable parcours initiatique entre obscurité et lumière, entre chape mortifère et pulsions de vie parfois contradictoires, que tisse délicatement un récit qui sait prendre son temps et orchestrer moments de calme et coups d’éclat. Astrid Rondero et Fernanda Valadez, pour leur première co-réalisation, signent un film riche, portrait d’une grande humanité de personnages particulièrement attachants, tableau juste et lucide de la dure réalité socio-économique qui les emprisonne, mais aussi film de genre et conte ouvert aux influences mystiques… Le motif et ses multiples variations prennent forme peu à peu, la question de la liberté et celle de la corde qui nous entrave deviennent comme l’avers et le revers d’une même médaille… Le film, lui, se tient en permanence sur le tranchant qui les relie tous deux, dans un équilibre si difficile à tenir et pourtant si juste…