LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance avant 13h : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

Soutenez Utopia Palmer

ONLY THE RIVERS FLOWS

WEI Shujun - Chine 2023 1h41 VOSTF - avec Zhu Yilong, Chloe Maayan, Hou Tianlai, Tong Linkai... Scénario de Kang Chunlei et Wei Shujun, d’après une nouvelle de Yu Hua.

Du 10/07/24 au 30/07/24

ONLY THE  RIVERS FLOWSVingt et un ans après le cultissime Memories of murder de Bong Joon-ho, et huit ans après le violent et chamanique The Strangers de Na Hong-jin (deux films sud-coréens), Only the river flows vient s’inscrire dans la riche tradition des grands polars asiatiques, avec l’adaptation libre d’une nouvelle policière sombre de Yu Hua.

Dans les années 1990, dans la petite ville de Banpo, dans l’est de la Chine, le corps d’une vieille femme est retrouvé au bord de l’eau. La rivière a emporté les indices et, en l’absence de témoin, l’enquête patauge. Sur le chemin de l’enquêteur, les cadavres s’accumulent et le brouillard s’épaissit. Mais l’État a ses raisons que la raison ne connaît pas : Ma Zhe, chef de la police criminelle, reçoit l’ordre sans appel de trouver un coupable, et vite, quitte à bâcler le travail. Derrière ce premier sujet sur les impératifs de résultats, la question du mérite ou de la hiérarchie (qu’abordait justement Memories of murder), l’enjeu principal de Only the river flows reste sans équivoque la place de l’individu dans la société chinoise. Ma Zhe, héritier de l’archétype du dur-à-cuire, travaille la plupart du temps en solitaire, il préfère son blouson en cuir à son uniforme et tente même de comprendre le principal suspect, refusant de voir en lui le coupable idéal. Justement, ce « fou » que tout et tout le monde accuse à cause de sa maladie mentale, sort du rang et fait jaillir la noirceur de l’âme de chacun. À ce titre, par sa différence et par ce qu’il réveille chez autrui, la masse le pointe du doigt et le stigmatise. Seul Ma Zhe s’y refuse, lui aussi mis à rude épreuve. Le film, malgré son ancrage dans la Chine des années 90, aborde donc des thématiques très actuelles telles que la discrimination des personnes censées être atteintes d’un trouble psychique, la transidentité ou encore la vacuité de l’existence face à un monde en ruine.

Tourné sur pellicule, avec une image au grain très expressif, le film exploite la force symbolique de ses décors : rivière grise, appartements exigus, rues pluvieuses, cinéma désaffecté… Leur expressivité contraste avec le flegme hiératique de l’enquêteur, brillamment interprété par Zhu Yilong. Ma Zhe ne laisse transparaître aucune émotion, ne sourcille devant aucune scène de crime, devant aucun suspect ni témoin. Le jeu du comédien reste très intérieur et justement, les décors expressionnistes du film retranscrivent ses états-d’âme, jusqu’à parfois percer l’écran. L’ancien cinéma dans lequel la police criminelle a établi ses quartiers le temps de l’enquête est le théâtre d’une scène cauchemardesque, laissant éclater la puissance visuelle du film. En déroute, éprouvé par les événements, le policier est suivi de près par la caméra, qui épouse son point de vue, jusqu’à l’introspection.

Explorant des thématiques fortes, porté par un récit troublant et une mise en scène saisissante, Only the river flows est un pur film noir, sur les abîmes de la nature humaine, sur l’absurdité du monde, sur les contradictions et l’hypocrisie de toute communauté. À mesure que le film avance, on verra que son essence ne tient pas tant dans la résolution de l’enquête – existe-t-il seulement un coupable ? – que dans le sillon trouble qu’emprunte le protagoniste. Comme les plus grands auteurs de polars, Wei Shujun utilise la singularité de son personnage principal pour signer, à travers son regard, un splendide portrait de la Chine d’aujourd’hui.