LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance avant 13h : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

Soutenez Utopia Palmer

TYPHOON CLUB

Shinji SÔMAI - Japon 1985 1h55 VOSTF - avec Yuichi Mikami, Yuki Kudo, Shigeru Kurebayashi, Yuka Onishi, Ryuko Tendo... Scénario de Yuji Kato.

Du 24/07/24 au 30/07/24

TYPHOON CLUBse prépare à l’arrivée d’un typhon. Des vents violents accompagnés de pluies diluviennes menacent de s’abattre sur la capitale nippone et sa proche banlieue rurale, conséquence programmée d’une canicule qui depuis des jours paralyse le pays d’une chaleur suffocante. En attendant le déluge, un groupe d’adolescents, filles et garçons mêlés et complices, ignorent l’ordre d’évacuer leur lycée et se débrouillent pour passer la nuit dans l’enceinte de l’établissement, pour profiter de la piscine en plein air.
À l’appel de cette nuit pas comme les autres, vécue comme une réjouissante parenthèse transgressive, les jeunes corps se lâchent et se lancent dans mille chorégraphies le temps d’un rock’n roll endiablé, avant de plonger dans les eaux chlorées du grand bassin. Dans la piscine justement, trois lycéennes rient, chahutent et entourent le cou d’un de leurs camarades avec une ligne de couloir de nage. Tant bien que mal, le garçon arrive à échapper aux trois filles déchaînées et à sortir de l’eau. Dans l’indifférence générale, il se couche alors sur les dalles trempées, essayant de retrouver son souffle. Mais il perd connaissance… et ne sera sauvé qu’in extremis, par des élèves internes du lycée. Pourtant, personne (ni la victime, ni les coupables, ni les sauveteurs) ne semble vraiment affecté par cette tentative presque ludique d’homicide involontaire par noyade…

Hypnotisante, étrange, onirique et flottante, cette scène d’ouverture donne le ton du film, qui explore comme rarement les mécanismes complexes de l’adolescence. Pendant presque deux heures, ces jeunes, originaires de la proche campagne de Tokyo, vont être secoué·e·s par des transformations émotionnelles puissantes qui auront des conséquences sur leurs comportements. D’abord les rires et les jeux d’eau puérils les placent encore dans l’enfance mais une forme de sensualité ainsi que des pulsions incontrôlées qui les poussent à tester leurs limites (et celles des autres) vont bientôt les confronter aux tourments de l’âge adulte.
On suit ces élèves pendant les quelques jours précédant l’arrivée du typhon, puis durant son passage alors qu’ils errent dans leur lycée, confinés après le départ (on peut même dire la fuite) des professeurs. Livrés à eux-mêmes, débarrassés de toute autorité professorale et parentale, ils vont petit à petit révéler leurs vraies natures en même temps que s’abat l’ouragan. Spontanément ils se déguisent, se déshabillent, crient, chantent et dansent sous la pluie comme pour célébrer ces derniers instants de liberté avant qu’ils ne soient rattrapés par le temps ou muselés par une société nippone stricte, appelant à marcher d’un seul pas. Clairement, ils ne veulent pas devenir comme leurs parents. Certains même ne le supporteront pas. Sous la légèreté trompeuse d’une certaine forme d’aventure, un malaise profond va se propager de façon inattendue et parfois violente dans les expériences individuelles et collectives de ce petit groupe : tentative d’agression sexuelle, fugue à Tokyo, bagarre en classe, suicide… Même si la plupart des débuts de passage à l’acte finiront dans l’impasse de leur maladresse juvénile, la symbolique de leurs actions est là.

Révélé il y a quelques mois par la ressortie du bouleversant Déménagement, Shinji Sômai, figure majeure du cinéma japonais indépendant entre 1980 et 2000 (il est décédé d’un cancer du poumon en septembre 2001) nous offre avec Typhoon Club une œuvre magistrale, sensible et complexe, un film puissant et parfois dérangeant sur l’adolescence, dont l’héritage (revendiqué) transparaît clairement aujourd’hui dans les films des plus grands réalisateurs japonais actuels : Kurosawa (Kiyoshi), Kore-eda ou Hamaguchi, qui considèrent Shinji Sômai comme « peut-être le dernier grand maître de l’histoire du cinéma japonais ».