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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
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Justine Triet parle d’or
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Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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MATRIA

Alvaro Gago - Espagne 2023 1h39 VOSTF - Avec Maria Vazquez, Santi Prego, Tatan, Susana Sanpedro, Soraya Luaces...

Du 17/07/24 au 30/07/24

MATRIATendu, haletant, Matria est un thriller du quotidien, sans aucun crime, ni enquête, ni malfrats terrifiants, mais qui nous maintient néanmoins en haleine pendant une heure et demie, tant le parcours de Ramona, son héroïne, n’est qu’une course permanente pour sa survie.
Pourtant Ramona n’a aucun tueur à ses trousses et vit dans un pays occidental prospère et en paix avec ses voisins, en l’occurrence l’Espagne, plus précisément les côtes de la Galice, la petite Bretagne ibérique à l’extrémité septentrionale de la péninsule. Comme des millions d’autres, à quarante et quelques balais, Ramona est obligée de cumuler les petits boulots pour subvenir aux besoins de sa famille, intérimaire par nécessité, parvenant laborieusement à économiser quelques billets pour financer les futures études de sa fille – billets qu’elle cache soigneusement dans une boite à biscuits sous l’évier de la cuisine.

Ses journées sont beaucoup (mais vraiment beaucoup) plus remplies qu’un agenda de ministre (les ministres d’aujourd’hui ont même le temps d’écrire et publier des livres, c’est dire) et pour elle, le droit révolutionnaire à la paresse, ce sera dans une autre vie. Cheffe d’une équipe de femmes de ménage dans une conserverie le matin, Ramona astique les plans de travail avant l’arrivée des ouvriers, elle enchaîne à bord d’un bateau avec la mise en caisse de litres de moules et recherche activement un troisième boulot complémentaire pour équilibrer son budget. Probablement, et on le comprend vite, Ramona n’a pas toujours fait les bons choix, notamment amoureux. Affublée qu’elle est d’un amant alcoolique que rejette sa fille Estrella, laquelle est partie, au grand désespoir de sa mère, se réfugier chez un petit copain. Mais la vie de Ramona bascule quand l’entreprise de nettoyage qui l’emploie est reprise par un nouvel aigrefin, qui n’a rien de plus pressé que d’imposer aux ouvrières des salaires misérables, faisant fi de leur ancienneté.

Matria est d’abord un magnifique portrait de femme ouvrière dans toutes ses dimensions. Prolétaire, Ramona a une vraie conscience de classe et sait ce qu’elle vaut. Mais c’est aussi une femme qui a conscience de l’échec patent de sa vie amoureuse et qui, la quarantaine entamée, se remet en question, rumine des souvenirs de jeunesse qui s’estompent – c’est encore l’âge où reconstruire une nouvelle vie semble du domaine du possible. Issue des classes populaires, Ramona refuse enfin de voir sa fille, fût-elle amoureuse, s’assujettir à vie à un mec et reproduire par déterminisme social le genre de destin auquel elle n’a elle-même pas su échapper. Lutte des classes, lutte des genres, la sororité unit la mère et la fille dans un rejet instinctif d’une forme de patriarcat, comme elle resserre les liens entre copines face au machisme ambiant, entre collègues face au patronat prédateur.

Matria est aussi un superbe film romanesque et social. On suit jusqu’à l’épuisement la course effrénée de Ramona, remarquablement incarnée par María Vázquez, qui exprime parfaitement toute la complexité de son personnage, tous ses paradoxes, pour ne jamais le réduire au statut de victime ou d’héroïne.