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DREAMING WALLS

Joe ROHANNE et Maya DUVERDIER - documentaire Belgique / France / USA 2021 1h17mn VOSTF -

Du 28/08/24 au 17/09/24

DREAMING WALLSLe Chelsea Hotel est un lieu incontournable de la scène underground de la ville de New York. Construit durant la fin du XIXe siècle, il a pendant longtemps été le repère de nombreux artistes et marginaux. Leonard Cohen y a eu une relation avec Janis Joplin et s’en est inspiré pour des chansons, Arthur C. Clarke y a écrit son roman 2001 : A Space Odyssey, Paul Morrissey et Andy Warhol y ont tourné le film expérimental Chelsea Girls, Nancy Spungen y aurait été assassinée par Sid Vicious… On pourrait également citer Patti Smith, Oscar Wilde, Miloš Forman… la liste est longue.

Malheureusement, l’âme éblouissante et libertaire du lieu bat de l’aile depuis un peu plus de dix ans. Son nouveau propriétaire désire en faire un établissement de luxe, alors de très lourds travaux investissent le lieu depuis toutes ces années. Des échafaudages surplombent la devanture et l’intérieur, des plans de construction sont collés sur les vitres, des bâches protègent certaines pièces, ou encore des câbles électriques s’exhibent au plafond des couloirs… C’est dans l’obscurité poussiéreuse d’un de ces couloirs qu’une petite vieille avance à l’aide de son déambulateur et ne loupe pas une occasion de discuter avec les passants ou les ouvriers. Merle, personn(ag)e clé du documentaire est une (ancienne) danseuse professionnelle et metteuse en scène, elle habite depuis plus de trente ans le Chelsea et investit l’espace comme elle l’a toujours fait. Son histoire est accompagnée d’archives filmiques précieuses du temps où elle performait au sein du lieu. Sa vivacité est touchante, elle est comme le cœur de ce monde en ruine, on ne se lasse pas de l’accompagner dans ses flâneries.

Les jolies séquences d’archives personnelles (ou collectives) qui viennent entre-couper les différents portraits des habitants du Chelsea sont les bienvenues tant elles témoignent d’une époque révolue, mais aussi de la densité de nos protagonistes. Elles apportent au spectateur une matérialité intime, un témoignage du temps et d’une certaine fragilité. Certains partent, volontairement ou non. Parfois l’argent fera l’affaire, parfois la santé fera défaut. Mais certains se battent pour rester malgré les coûts du logement qui ne cessent d’augmenter, ou encore les travaux et leurs bruits incessants. Dreaming Walls c’est 1h17 de voyage autour d’âmes perdues puis d’autres retrouvées. C’est « un lieu de résistance », où les derniers locataires se battent pour conserver leur habitacle face à la gentrification, et au projet fastueux du dernier propriétaire. Chaque personn(ag)e a une histoire bien singulière. On ne va pas toutes les décrire ici pour ne pas vous gâcher ces belles rencontres, mais on ne peut qu’être touché par l’authenticité de Rose, la trajectoire de Susan et de son compagnon, les pensées de Skye, ou encore l’inconsistance de Bettina, la plus vieille locataire du bâtiment qui peine à se déplacer dans son appartement remplit d’objets.
Puis, il y a aussi ce couple de quarantenaires bourgeois qui semble être en rupture avec certains locataires malgré leur envie commune que les travaux cessent. Autour d’un repas avec Merle, les différends entre locataires sont évoqués. Ces histoires sont retracées en filigrane dans un huis clos mélancolique mais qui nous quitte sur une touche d’espoir et de gratitude. Le producteur exécutif, qui n’est autre que le grand Martin Scorsese, a su flairer le joyau qui se cache dans ce film proposé par Joe Rohanne et Maya Duverdier. Avec les Frères Dardenne, Martin Scorsese avait également été le producteur du second long-métrage de Joe Rohanne : Drôle de père. Du côté de Maya Duverdier, c’est son premier long-métrage documentaire. Une collaboration réussie, qui donne tendrement envie d’en savoir plus sur le futur travail des réalisateur·ices, mais aussi des protagonistes du film.

Et comme le dit une des belles âmes du documentaire : « Tous les immortels du XXe siècle ont probablement séjourné ici au Chelsea à un moment ou un autre ».