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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

UTOPIA PALMER LANCEMENT D’UN FINANCEMENT PARTICIPATIF
Pour un cinéma alternatif et vivant, sur les hauteurs du parc Palmer à Cenon, petite ville de 30 000 habitants faisant partie de Bordeaux Métropole.À l’heure où les professionnels cherchent désespérément la recette miracle du « retour du public en salles », entre prestations...

PARADISE IS BURNING

Réalisé par Mika GUSTAFSON - Suède / Danemark 2023 1h48 VOSTF - avec Bianca Delbravo, Dilvin Asaad, Safira Mossberg, Ida Engvoll... Scénario de Mika Gustafson et Alexander Öhrstran.

Du 28/08/24 au 10/09/24

« Bonjour je suis des services sociaux. Étant donné vos antécédents, nous devons faire une visite à domicile. » Le coup de fil tant redouté. C’est dépitée que Laura fixe le rendez-vous entre l’assistance sociale et sa mère pour dans quelques jours. Dépitée parce que maman s’est fait la malle depuis un moment, laissant Laura, seize ans au compteur, seule avec ses deux jeunes sœurs de douze et sept ans dont elle s’occupe comme elle peut. Quand Mira demande à son aînée pourquoi elle tire cette tête en raccrochant le téléphone, Laura décide de ne rien dire : « Un faux numéro, ne t’inquiète pas. Allez, il est temps d’aller à l’école, va aider Steffi à se préparer. »



Ce n’est pas la première fois que les trois sœurs se retrouvent livrées à elles-mêmes. Ça n’a pas franchement l’air de les traumatiser à les regarder manger le premier truc sorti du congèle, à dévorer les céréales à même la boite, à dormir toutes les trois ensemble sur le sol du salon, véritable capharnaüm provoqué par deux adolescentes et une petite remplie de malice. Même pour faire les courses, on sent l’entraînement, l’habitude : pendant que l’une fait diversion (de manière si inattendue que ça en devient très drôle), les deux autres se carapatent avec le caddie rempli. Bref, le système D elles connaissent, ça c’est sûr, et au pire du pire, la voisine Zara peut dépanner… mais il ne faut pas abuser !
C’est justement dans un magasin, lors d’un de ces moments où Laura laisse parler son imagination niveau vol à l’étalage, qu’elle tombe nez à nez avec l’assistant social qui s’occupait jusqu’ici de leur dossier : il est en congé paternité et remplacé par une collègue qui ne connaît pas du tout la famille. Qui ne sait donc pas à quoi ressemble la mère des trois filles. Une aubaine pour Laura qui imagine tout de suite trouver une femme qui pourrait jouer le rôle de maman le temps d’une matinée. La voisine Zara ? Pas vraiment le profil. Et cette femme, Hanna, que Laura a rencontré dernièrement dans des circonstances plus que particulières ? Elle pourrait faire la maille… L’ado va donc chercher à se rapprocher de cette énigmatique Hanna, qui semble elle aussi à un moment charnière de sa vie, et petit à petit va se nouer entre elles une amitié qui ne sera pas du goût de tout le monde. Parce que Laura, en vadrouille avec Hanna, va être de plus en plus absente de la maison. Et demander de plus en plus souvent à Mira de s’occuper de la petite Steffi. Qui sera plus ou moins bien surveillée, Mira en voulant à son aînée de les laisser en plan et voulant elle aussi vivre sa vie…
Vous l’aurez compris, ces trois jeunes filles ne vous laisseront pas indifférents. Têtes à claques autant qu’attachantes, tout simplement vivantes, jeunes, elles essaient de trouver leur place, de s’épanouir et de se soutenir les unes les autres. Il y a évidemment des prises de becs, des incompréhensions comme dans toute sororie, mais c’est touchant de voir à quel point ces trois-là sont inséparables. D’où la peur grandissante chez Laura de l’arrivée inéluctable de ce rendez-vous qui pourrait bel et bien les séparer…

Paradise is burning décrit finement ce moment où les trois filles, qui traversent des âges différents, sont à la fois étroitement liées par leur quotidien commun, par leurs souvenirs communs, mais commencent aussi à vivre des expériences distinctes et à se fabriquer une trajectoire personnelle. La fin d’un paradis à trois, le début de la vie d’adulte, devant laquelle on est souvent seul. Comme le dit la réalisatrice : « C’est beau et douloureux à la fois. Il y a dans le film une liberté euphorisante qui côtoie le désespoir et entre les deux, un humour qui infuse le quotidien. ». Une très belle découverte.