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TEHACHAPI

France / Suisse 2023 1h32 VOSTF -

Du 07/08/24 au 26/08/24

TEHACHAPIPasser de l’ombre à la lumière… Voilà une histoire de rédemption réjouissante ! Tehachapi est un film lumineux, dans la lignée de Visages Villages, malgré l’absence de sa très regrettée co-réalisatrice, Agnès Varda. Pourtant on y pense, forcément : JR a su conserver une forme de cousinage, de générosité dans sa façon de filmer. Tout comme dans ses photographies monumentales, il sait dans son film magnifier et rendre de la dignité à des gens lambda comme vous, comme moi. Pourtant avoir de l’empathie envers les protagonistes de ce film, c’était pas gagné ! Tehachapi – qui est en fait le nom d’une impressionnante prison américaine – est une plongée en milieu carcéral, très fermé. Pourtant le film donne espoir en l’humain : JR nous fait participer à son cheminement, à ses tâtonnements pour parvenir au fin fond de ce purgatoire de béton perdu au milieu d’un no man’s land californien matraqué par un soleil de plomb. Si pénétrer entre ces murs sans grâce est impressionnant, ça l’est encore plus d’arriver parmi ces détenus marqués par les coups, tatoués du sol au plafond pour montrer leur appartenance aux gangs les plus durs. JR en joue, se met forcément un peu en scène, mais cela devient vite prenant. Quel poids peut avoir l’art sur ces bannis (sans doute avec de très bonnes raisons) de la société ? Un projet artistique, le regard que l’on porte sur les choses et les êtres, quelques photos gigantesques, un peu de colle peuvent-ils changer le cours d’une pensée, celui d’une vie ?



À Tehachapi, ça castagne. Dans la cour de promenade, souvent des taches de sang. Jamais les gardiens ne quittent leur gilet pare-balles. Jamais le mirador ne relâche sa vigilance. Alors il y a peut-être quelque chose de futile et dérisoire de proposer à ces malabars condamnés à 10, 15, 20 ans, toute une vie d’incarcération, qui n’ont connu que ça, de jouer les starlettes et de participer à un collage géant. Pourtant quelque chose s’opère devant nos yeux, est-ce une forme de thérapie, de la justice restaurative ? Qu’importe ! On ne nommera rien, c’est au-delà des mots et des recettes toutes faites. C’est un petit quelque chose éphémère et fragile comme la vie qui va faire basculer notre vision tout comme celle des prisonniers, le temps d’une rencontre, de plusieurs rencontres.
Ça débute en 2019. JR obtient la permission d’intervenir au sein du centre pénitentiaire de sécurité maximale. Certains détenus y purgent une peine à perpétuité, parfois pour des crimes commis alors qu’ils étaient mineurs. Autarcie, déni d’une société qui a fait le choix de parquer sciemment ses prisonniers plutôt que de les réinsérer : puisque tout est fait pour les invisibiliser, JR va imposer leur visage et leur histoire par-delà les murs de béton.

Hypermédiatisé mais anonyme derrière ses lunettes noires, amateur de dispositifs grandioses et observateur lucide des réalités sociales qu’il décortique, l’artiste français rendu célèbre par ses collages photos n’est pas à un paradoxe près. C’est cette ambiguïté qui a fait de lui un passionnant portraitiste des minorités et des oubliés : entre 2004 et 2006, lors des émeutes provoquées par la mort à Clichy-sous-Bois de Zyed Benna et Bouna Traoré, coursés par la police, il agrandit les visages des émeutiers sur les murs de Montfermeil. En 2017, il placarde à la frontière américano-mexicaine une fresque montrant des yeux, pour protester contre le mur érigé par l’administration Trump… Ici, nous donnant à voir et à entendre ces prisonniers ostracisés, Tehachapi les ré-humanise : JR continue de creuser son humanisme à travers la reconnaissance et l’exposition de l’altérité. Bel exercice de réhabilitation que la société refuse à ces détenus, et que JR leur offre grâce à sa performance ! En cela, Tehachapi est un documentaire précieux, politique au sens noble, à la fois critique du système carcéral et éloge du pardon.