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La Paix, éternelle Utopie ?
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LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
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Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
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UTOPIA PALMER LANCEMENT D’UN FINANCEMENT PARTICIPATIF
Pour un cinéma alternatif et vivant, sur les hauteurs du parc Palmer à Cenon, petite ville de 30 000 habitants faisant partie de Bordeaux Métropole.À l’heure où les professionnels cherchent désespérément la recette miracle du « retour du public en salles », entre prestations...

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UNE VIE RÊVÉE

Écrit et réalisé par Morgan SIMON - France 2024 1h37 - avec Valeria Bruni Tedeschi, Félix Lefebvre, Lubna Azabal, Dylan Benha-Guedj...

Du 04/09/24 au 10/09/24

UNE VIE RÊVÉELe moins qu’on puisse dire c’est que l’on ne s’attendait pas à être « cueillis » à ce point ! À l’heure où il est d’usage pour moult actrices (et pas mal d’acteurs), la chirurgie esthétique ayant ses limites, de recourir au « pass beauty » (véritable lifting informatique effaceur de rides et autres défauts lors du tournage), il est incroyablement réjouissant d’en voir quelques-unes résister à cette tendance et rester elles-mêmes, pas trafiquées, pas lisses. Elles sont d’autant plus belles et elles illuminent nos imaginaires ! Des êtres qui nous ressemblent, avec de vrais corps marqués par la vie, ses traces. Valeria Bruni Tedeschi, qui incarne le rôle de Nicole, en pleine errance, secouée par un déclassement violent, fait partie de celles-là. Nicole est un personnage à la fois discret et excessif, débordant et attachant. Mais au début du récit, son fils Serge ne voit plus rien de tout cela. Lui est à ce tournant de la vie où le besoin de s’émanciper lutte avec l’angoisse de prendre son envol, où l’on voudrait se savoir redevable de rien, où l’ingratitude est une posture assumée. L’âge où l’on ne supporte plus sa mère. Le fils est tellement grignoté par sa sourde colère qu’il se moque bien d’être injuste : il en veut à Nicole de ne pas être ce modèle féminin que présentent en permanence la société, la télé, les médias, la toile numérique… Il lui en veut de ces fins de mois sempiternellement difficiles, de ne rien faire de ses journées, d’avoir un horizon barré par les immeubles de la cité. Il lui en veut de n’être pas parvenue à construire une famille stable, d’avoir perdu le confort que jadis ils avaient. Il ne veut plus l’écouter, il veut résister à ses tirades irrésistibles, à son humour barré. Il ne veut plus ni rire, ni sourire avec elle. Nicole aura beau faire de son mieux, ce ne sera jamais assez, elle ne sera jamais suffisamment présentable avec ses tenues farfelues, pas plus que leur petit appartement ne l’est avec sa décoration fantasque à deux balles.

Pourtant il y a tant de bon dans cette mère bafouée, débordante de sentiments, une dignité que d’autres savent voir, notamment Norah (superbement interprétée par Lubna Azabal), qui tient le bistrot du quartier où tous viennent trouver une forme de cohésion sociale. Et c’est là qu’un matin, plus désespérée que jamais, sans même l’euro pour se payer un café, Nicole finira par échouer. Sans rien attendre, sans rien espérer. Mais en quelques regards on comprendra que la marche n’est pas si haute pour retrouver un peu d’estime de soi. Un peu de solidarité, d’écoute, une forme de sororité retrouvée, ça peut parfois tout changer.
On n’a pas envie de vous en dire trop, sauf que c’est un film à la fois drôle et attachant, comme tous ses personnages, même la conseillère de Pôle Emploi, désormais France Travail. « On vit dans un pays où l’on a résolu tous les problèmes en appelant « un chat » « un chien » ! » persiflait l’extra-lucide Pierre Desproges. Seuls les banquiers impitoyables qui laissent leurs clients sur le carreau ne sont pas épargnés dans ce film que l’on pourrait qualifier de comédie-conte réaliste d’aujourd’hui. Le jeune réalisateur, en partant du réel (on devine qu’il y a du vécu), accentue un brin le trait, pousse le curseur le plus haut possible pour trouver une distanciation salutaire, atomiser les aspects dramatiques et les rendre drôles et loufoques. En même temps que son jeune héros, il fait un mea culpa humoristique, un hommage à peine voilé (mais certainement pas gnangnan) à sa mère, à toutes les mères, mais aussi à toutes les déclassées, à tous les déclassés de la société. Cette véracité irrésistible qui émane du film le rend d’autant plus bouleversant, feel good jusqu’à nous tirer quelques larmes de bonheur.