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LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
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Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
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À Bérat, à mi-chemin entre l’Ariège et Toulouse, la Ménardière est un beau domaine aux multiples possibilités. Acquis en 2019 par une douzaine de personnes au bord de la retraite qui refusaient le destin peu folichon, que nos sociétés réservent à leurs vieux : ni solution privée au coût e...

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LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE

Écrit et réalisé par Mohammad RASOULOF - Iran 2024 2h46 VOSTF - avec Missagh Zareh, Soheila Golestani, Setareh Maleki, Mahsa Rostami... Prix spécial du Jury – Festival de Cannes 2024.

Du 18/09/24 au 15/10/24

LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGEOn n’en démordra pas : c’est bien la Palme d’or – et pas un quelconque prix « spécial » du jury – qu’aurait dû remporter ce film extraordinaire ! Après l’admirable Le Diable n’existe pas (Ours d’or à Berlin en 2020), plaidoyer magnifique contre la peine de mort et lumineuse réflexion sur le libre arbitre et le devoir de désobéir, on attendait avec ferveur et inquiétude ce nouveau film. On craignait, sinon la brutale désillusion, du moins la déception : ce fut un enthousiasme général, instantané. Stupéfiante leçon de cinéma, plongée en apnée de trois trop petites heures, Les Graines du figuier sauvage vous laisse sans voix, pantelant et ravi, en colère et gonflé à bloc. D’une maîtrise et d’une puissance assez inouïes, ce diable de film vous embarque sans coup férir dès les premières images, et déploie, avec une imperceptible économie de moyens, une intrigue à la lisière de la satire familiale, de la chronique politique et du drame romanesque épique. Tout en tension, il confronte ses personnages infiniment et douloureusement humains à la violence sociale et aux soubresauts politiques qui agitent – en temps réel – un pays malade de sa dictature religieuse. Le psychodrame se mue en thriller politique haletant aux faux airs de polar hollywoodien, transposé dans le décor aride d’un village troglodyte abandonné au milieu du désert…

Iman, à la ville, est un obscur fonctionnaire qui émarge au ministère de la justice. Docile, zélé, raisonnablement efficace, extrêmement prudent, son ambition, modeste, est moins de gravir les échelons pour sa gloriole personnelle que de mettre sa petite famille à l’abri du besoin. Et à l’orée de la cinquantaine, en remerciement de ses états de service, Iman se voit proposer une sacrée promotion : juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran – l’aboutissement d’une carrière. Une formidable nouvelle qu’il se réjouit de fêter en famille. À la maison, Iman est un mari aimant et le père attentionné de deux jeunes filles, Rezvan et Sana, auxquelles il ne veut pas refuser grand chose. Il est certain que sa nouvelle fonction lui impose d’afficher, pour lui et son foyer, une irréprochable moralité. Or, au même moment, monte de la société iranienne une irrépressible vague de protestation, qui jette dans les rues une foule de femmes et d’hommes, affamés de pain et de liberté. Irrépressible ? Voire… la réponse de l’État aux manifestations, immédiate, est d’une rare violence. Rezvan et Sana soutiennent avec force la contestation, au grand désespoir d’Iman, tandis que la mère, Najmeh, tente de ménager les deux camps. Pas gagné, car enfin on se doute bien de ce que recouvre la mission d’un juge d’instruction de tribunal révolutionnaire : juger, condamner et exécuter sans barguigner les ennemis désignés de la révolution islamique. Poste qui exige donc, à défaut ou en plus d’une foi totale dans la dite révolution, une obéissance aveugle et un sens moral strictement délimité. Et on sent bien qu’Iman se fait violence pour coller au portrait. Pressé par son ministère de donner des gages, il durcit malgré tout le ton dans son foyer.
Et c’est sur ces entrefaites qu’il s’aperçoit que son arme de service a disparu ! Dans sa chambre. Alors que la veille il l’a rangée, comme à son habitude. Iman retourne le lit, les tiroirs, rien à faire : le pistolet est introuvable. N’a pu qu’être dérobé. Par quelqu’une de la maisonnée. Sa femme, ses deux filles, trois suspectes, c’est peu. Tandis que la rumeur de la révolte et de sa répression monte de la rue, contourne la censure de la télévision, se donne à voir en vidéos sur les smartphones, Iman enquête fébrilement chez lui et se laisse envahir par la paranoïa.

Interdit de tournage par le régime iranien, déjà emprisonné ou assigné à résidence à plusieurs reprises – et aujourd’hui exilé en Allemagne pour échapper à une peine de huit ans de prison –, Mohammad Rasoulof a tourné Les Graines du figuier sauvage dans une invraisemblable clandestinité. Parmi ses films, c’est celui qui ausculte de la façon la plus frontale la société iranienne et documente son Histoire immédiate. Grand film universel, passionnant, bouleversant, qui milite pour l’humanité toute entière, Les Graines du figuier sauvage – vous reconnaîtrez qu’on n’abuse pas du terme – est un chef-d’œuvre.