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NI CHAÎNES NI MAÎTRES

Écrit et réalisé par Simon MOUTAÏROU - France 2024 1h38 VOSTF - avec Ibrahima Mbaye Tchie, Camille Cottin, Anna Thiandoum, Benoît Magimel, Félix Lefebvre...

Du 18/09/24 au 08/10/24

NI CHAÎNES NI MAÎTRESBrillant scénariste, auquel on doit notamment Goliath ou Boîte Noire, Simon Moutaïrou n’a pas choisi un sujet facile pour son premier long métrage en tant que réalisateur. C’est peut-être d’ailleurs à cause de la complexité du sujet que l’on trouve si peu de films français osant aborder de manière frontale la question de l’esclavagisme. Et c’est sûrement aussi l’une de nos spécialités : cette frilosité quand il s’agit de s’emparer de faits douloureux, d’épisodes dérangeants, comme si, en plongeant la caméra dans ces plaies de notre histoire, on risquait de les rouvrir et de ne pas pouvoir en supporter les conséquences. Le miroir tendu est en effet effrayant…
Il faut donc ici saluer la farouche détermination de Simon Moutaïrou : avec puissance et un vrai talent de conteur, il s’est emparé de cette page terrible de l’histoire française pour faire acte de mémoire et de résistance. Mémoire pour toutes les victimes de l’esclavagisme et leurs descendants. Résistance pour celles et ceux qui, aujourd’hui encore de par le monde, constituent la communauté invisible des humains opprimés et privés de leurs droits fondamentaux parce que nés au mauvais endroit.

Pour le réalisateur, c’était une évidence : « Instinctivement, je savais que mon premier film traiterait de l’esclavage. Avec du recul, je comprends que cet appel venait de loin. Adolescent, j’ai été profondément marqué par une vision : celle d’une immense porte de pierre rouge face à l’océan. Elle se dresse sur le rivage de la ville côtière de Ouidah, au Bénin, le pays de mon père. Elle se nomme La Porte du non-retour. C’est ici que des familles entières étaient arrachées au continent et déportées vers des horizons inconnus.
Le désir d’un film sur des marrons – ces esclaves fugitifs qui ont eu le courage de briser leurs chaînes – s’est ensuite précisé. Mais au-delà du sujet, il me fallait une arène. À l’occasion d’un séjour à l’île Maurice, je découvre l’existence du Morne Brabant. Un monolithe de 500 mètres de haut, face à la mer. Une créole vivant au pied du massif me raconte l’histoire du site : comment, au XVIIIe siècle, les esclaves fugitifs se sont rassemblés à son sommet, comment ils ont retrouvé une dignité, une fierté, un bonheur fragile qu’ils avaient perdu depuis des années… »

1759, sur l’Isle de France, actuelle Île Maurice. Massamba et Mati, esclaves dans la plantation d’Eugène Larcenet (Benoît Magimel toujours formidable), vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l’enfer vert de la canne à sucre. Une nuit, elle s’enfuit. Madame La Victoire (Camille Cottin, terrifiante), célèbre chasseuse d’esclaves, est alors engagée avec ses hommes pour la traquer. Massamba n’a d’autre choix que de s’évader à son tour et suivre les traces de sa fille. Par cet acte, il devient un « marron », un fugitif qui rompt à jamais avec l’ordre colonial.
Cette traque qui raconte à la fois le destin individuel d’un père et de sa fille et l’irrépressible soif de liberté de toute une communauté enchaînée, est filmée avec une rigueur exemplaire qui ne laisse jamais hors champs toute la violence de son sujet. Ici, la brutalité du colon n’est pas aseptisée et le film est raconté par le prisme de celui qui subit, et c’est très fort. Ni chaînes ni maîtres est un film qui fera date, sur un sujet essentiel, et il marque aussi l’acte de naissance d’un talentueux réalisateur.