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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

La Ménardière : un habitat partagé en construction…
À Bérat, à mi-chemin entre l’Ariège et Toulouse, la Ménardière est un beau domaine aux multiples possibilités. Acquis en 2019 par une douzaine de personnes au bord de la retraite qui refusaient le destin peu folichon, que nos sociétés réservent à leurs vieux : ni solution privée au coût e...

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VENI VIDI VICI

Daniel HOESl et Julia NIEMANN - Autriche 2023 1h26 VOSTF - avec Laurence Rupp, Ursina Lardi, Olivia Goschler, Kyra Kraus...

Du 11/09/24 au 01/10/24

VENI VIDI VICIAmon, jeune patriarche de la famille Maynard, a une passion : la chasse. Non pas celle sportive, patiente, où l’on traque une bête, où, caché, on l’observe en attendant le bon moment, mais celle, moins classique et qu’il compare au yoga, aussi tranquille, sûre et efficace que celle menée par notre César quelques siècles auparavant, fraîchement débarqué sur les côtes d’Égypte, et engageant tambour battant la fameuse bataille de Zéla : Veni, vidi… Dans les deux cas, la proie est humaine.
Amon Maynard est l’un de ces ultra-riches qui pourraient faire partie de ces 1% détenant 90% des richesses. Il vous suffit d’imaginer une ligne de voitures Tesla d’un blanc immaculé, soigneusement garées dans un immense parking, ou encore une grande demeure digne d’un palais, modernisée par des tableaux contemporains mêlant naïveté et obscénité, une piscine intérieure au milieu du salon, d’immenses pièces d’une austérité glaciale – car le summum du luxe est le dénuement – pour aussitôt incarner ce personnage de fiction dans l’un de ces milliardaires qui font régulièrement la une des médias.
Amon Maynard est donc un entrepreneur à qui tout réussit, à qui rien ni personne ne résiste, figure centrale d’une famille composée d’une épouse plus âgée, Viktoria – dans ces sphères-là, la femme reste le trophée de l’homme – qui a pour fonction principale d’élargir le cercle clanique, par n’importe quel moyen : naturellement, ce qu’elle aimerait par-dessus tout, par l’adoption, ce que le couple a déjà fait en accueillant Coco et Bella, deux fillettes métissées, ou par fécondation artificielle, ce vers quoi ils sont en train de se tourner, la ménopause de madame approchant, et de Paula, digne héritière de treize ans, issue d’une précédente union, dont la mère est morte en couches, et qui, par intermittence, servira de voix off au récit.
Amon Maynard se considère comme la figure incontournable d’une société quasi entièrement à son service, où il peut agir en totale impunité sous le regard silencieux de ceux qui y trouvent leur intérêt.

Daniel Hoesl a été révélé à Rotterdam en remportant le Tiger Award avec son premier long métrage, l’imprévisible Soldate Jeannette. De retour une dizaine d’années plus tard avec son quatrième film, Veni Vidi Vici, co-réalisé avec Julia Niemann – ils avaient déjà signé ensemble le documentaire Davos –, il poursuit sa réflexion sur le pouvoir, l’argent et la monstruosité du monde capitaliste. Au fil des films, ce questionnement a pris différentes formes : dans Soldate Jeannette, un ovni sur le renversement des valeurs matérialistes ; dans WinWin, une comédie malaisante où les loups de la finance ne se donnent même plus la peine de porter des masques ; dans Davos, une approche documentaire féroce sur ceux qui gouvernent le monde ; et enfin dans Veni Vidi Vici, un savant nouage des œuvres précédentes, teinté d’humour cynique, à la photographie glacée et aux personnages terrifiants.

Veni Vidi Vici s’ouvre par une courte citation issue de La Source vive d’Ayn Rand, autrice américaine d’origine russe du début du siècle dernier et grande théoricienne du capitalisme et du libéralisme : « La question est : qui m’arrêtera ? » Cet exergue, provocant à souhait, prend une dimension particulièrement cinglante dans le film dont le personnage central n’a même plus besoin de cacher son visage monstrueux, littéralement : Maynard peut dézinguer des passants en plein jour, comme des dirigeants politiques peuvent écraser des populations entières – ça ne semble finalement émouvoir personne ! Le meurtre brutal et inattendu dans la première séquence place immédiatement le film dans le registre de la farce absurde. Veni Vidi Vici ne fait pas dans la dentelle, c’est clair, mais son caractère grotesque est également politique, il permet de mieux nous interroger : « La question est, qui les arrêtera ? »