UTOPIA SAINTE BERNADETTE
5 avenue du Docteur Pezet, 34090 Montpellier (Tram 1 Saint Eloi)


INFOS PRATIQUES et TARIFS

LA GAZETTE UTOPIA (à télécharger au format PDF)
Où trouver la gazette (carte des dépôts)

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

Coopérative QUI VIVRA BÉRAT habitat partagé en évolution la Ménardière
Une autre façon de vivre ? Une autre façon de vieillir ? Voilà 4 ans, qu’un groupe de retraités a investi le Domaine de la Ménardière en créant une coopérative. Objectif : Vivre et vieillir ensemble solidaires et actifs jusqu’au bout du chemin. Chambres d’hôtes, Conc...

SÉANCES BÉBÉS
  Les séances "bébé" sont des séances où les parents peuvent venir avec leur nouveaux nés. Et déguster un film pendant qu'ils roupillent dans leurs bras. Les séances sont évidemment ouvertes à tous les spectateurs, il suffit de savoir qu'il peut arriver qu'un bébé fasse du bruit en suçant son pou...

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de la...

Soutenez Utopia Palmer

EMILIA PÉREZ

Écrit et réalisé par Jacques AUDIARD - France / Mexique / USA 2024 2h12mn VOSTF - avec Karla Sofia Gascon, Zoe Saldana, Selena Gomez, Adriana Paz, Edgar Ramirez... Librement adapté du roman Écoute de Boris Razon. Festival de Cannes 2024 : Prix du Jury et Prix collectif d’interprétation féminine. Musique et chansons de Camille et Clément Ducol - Chorégraphie de Damien Jalet.

Du 11/09/24 au 01/10/24

EMILIA PÉREZSur le papier, c’est le projet le plus fou, le plus casse-gueule aussi, qui se puisse concevoir. Imaginez : l’histoire d’un tyran richissime et sanguinaire, chef de cartel mexicain, craint, respecté, qui prépare en secret tout à la fois sa retraite, sa disparition de la place publique – et sa transition, sa libération d’un corps d’homme pour laisser place à la femme qu’en elle-même, elle a toujours su être ! Du thriller, du mélo, de la transidentité… et pour corser l’exercice, puisque de genre il est question, pulvériser les frontières qui compartimentent ceux du cinéma, emballer en chansons la marchandise sous forme, tant qu’à faire, d’une comédie musicale… Totalement improbable ! Oui mais voilà : Jacques Audiard est un magicien. Il n’y a pas d’autre explication possible. Et il nous embarque sans coup férir dans son incroyable odyssée.

L’histoire d’Emilia Pérez, précédemment Manitas Delmonte, nous est contée par le biais de Rita, une jeune avocate idéaliste, sous-employée pour ne pas dire exploitée dans un cabinet de baveux renommés qui, malgré ses succès, la fait végéter dans des affaires de seconde zone. Or, Rita a des convictions, des arguments et sait emporter son auditoire. Elle n’a donc pas grand mal à se laisser convaincre de lâcher son boulot de sous-fifre pour s’occuper des affaires louches et un rien tordues d’un baron de la drogue mexicain, en quête d’oubli et de reconstruction. Gérer son opération, organiser sa disparition, mettre sa femme et ses enfants à l’abri – Rita s’acquitte avec efficacité de sa mission, empoche sa commission, fin de l’histoire. Ou presque, car Emilia, feu Manitas, réapparaît bientôt dans sa vie. Avec cette fois un impérieux besoin de se racheter et de retrouver, incognito, sa famille. Mais on sait bien que, même (ou surtout ?) pour réparer ses erreurs / horreurs passées, il n’est jamais très indiqué de revenir rôder sur les lieux de ses crimes.

Un des grands talents de Jacques Audiard, c’est de faire du vrai cinéma d’artisan – et donc de savoir s’entourer des talents des autres. Du scénario (au cordeau) à la photo (splendide), de la composition des chansons (parfaite) à la chorégraphie (impeccable), de la mise en scène (magistrale) à l’interprétation (bluffante), tout concourt à faire d’Emilia Pérez une immense fresque romanesque, qui nous tient en haleine de la première à la dernière image. Ça fait des lustres qu’on n’avait plus vu au cinéma une comédie musicale – une tragédie musicale devrait-on dire – où la musique, les chansons, les chorégraphies, épousent aussi parfaitement la dramaturgie, sans sacrifier l’énergie de la danse ni l’élégance de la mise en scène, où les corps s’imprègnent imperceptiblement du rythme de la musique tandis que les dialogues se poursuivent naturellement en chansons. On est à des années lumières du scolaire et gentillet La la land, pour ne citer qu’un « musical » récent. Ici, la virtuosité est tout en retenue et en rigueur, au service du récit. Le quatuor d’actrices, récompensé collectivement à Cannes d’un prix d’interprétation féminine, est absolument parfait. Au sommet, avec une énergie formidablement convaincante, Zoé Saldaña, exfiltrée d’Avatar et des marvelleries, fait de Rita le quasi-sosie d’Alexandra Ocasio-Cortez, la pasionaria démocrate du Bronx et icône de la gauche américaine anti-Trump. Quant à la madrilène Karla Sofia Gascon, dans le double rôle de Manitas et d’Emilia, elle est intense, tour à tour effrayante et troublante, émouvante, séduisante, effrayante à nouveau… Grâce à elle, Emilia Pérez prend vie sous nos yeux, s’élance et se précipite vers son tragique destin. Du grand art.